Month: août, 2016

La tour ronde du château de Foix

16 août 2016 jphilippe Actualités

Le château de Foix en Ariège est un témoin précieux de l’architecture militaire du Moyen-Âge. Il présente trois tours dont la plus récente, construite au début du 15° siècle, n’est pas  carrée, comme les deux autres, mais ronde. Haute de 32 mètres, d’un diamètre de plus de 12 m, armée de murs de près 3 mètres, elle avance fièrement sur la ville.

La tradition en attribue la construction au célèbre Gaston Fébus, comte de Foix-Béarn. En réalité, il ne l’a pas connue, mais il l’a sans doute voulue et même financée. On dit que cette tour ronde aurait un objectif plus politique que défensif. On y entre en effet par une porte en rez-de-chaussée, et non par l’étage comme dans les tours militaires. Les fenêtres sont larges. La pierre utilisée pour la construction est un grès importé, et n’est pas comme habituellement tirée du rocher lui-même. De plus, les 5 étages offrent des salles hexagonales qui chacune présente un plafond à clé de voute, une cheminée, et des latrines avec évacuation. Cette tour ronde est donc considérée comme une construction d’apparat, destinée sans doute à affirmer la puissance des comtes de Foix-Béarn et à rassurer la population sur leurs moyens et sur leur protection.

boulets

Mais cette tour n’est pas ronde pour rien. À la fin du 14° siècle, les techniques de guerre changent, et le vieux boulet de pierre est remplacé par le boulet de métal. Ce boulet creux d’une quinzaine de kilos est tiré par la couleuvrine, petit canon à tube à la fois long et fin qui utilise les nouvelles poudres arrivées en Occident à la fin du 13° siècle. Alors que le boulet de pierre avait tendance à éclater lors de l’impact contre les murs, le boulet de métal est résistant, et comme il est creux, il imprime une forte secousse qui ébranle la paroi et en détruit très vite le liant. La nouvelle tour de Foix a été conçue pour lui résister. Parce qu’elle est ronde, le boulet a de fortes chances de rebondir et peu de la percuter à pleine puissance. Parce qu’elle est doublée d’une autre structure de pierre, avec entre ses parois extérieures et intérieures une épaisse couche de terre, elle absorbe efficacement les vibrations. C’est donc une construction innovante qui témoigne de l’adaptation des bâtisseurs aux techniques nouvelles.

On cherchera en vain un début de commencement de fissure dans les voutes de cette tour majestueuse vieille de 600 ans. Toujours aussi solidement dressée sur son rocher, elle démontre que les idées qui résistent au temps sont celles qui conjuguent innovation et élégance…

Concert sur places à Foix, les 26 & 27 août

16 août 2016 jphilippe Actualités

Il s’agira de la première édition de « Concert sur Places », qui a vocation à se prolonger les années suivantes…

Marbres d’Ariège

16 août 2016 jphilippe Actualités

Les Pyrénées sont réputées depuis longtemps pour la qualité et la beauté de leurs marbres. L’Ariège en fournit une diversité assez remarquable. Même si la plupart des carrières ariégeoises ne sont plus exploitées, on constate un regain d’intérêt pour cette spécialité qui fait l’objet de randonnées touristiques ou des visites organisées. Une des innovations du tourisme consiste justement à mettre en valeur et à la portée du public des traditions ou des savoir-faire auxquels peu de monde prêtait attention.

Parmi les marbres ariégeois, le fleuron est le « Grand Antique ». Il est solennel, d’un noir profond parcouru de grandes veines blanches. Un contraste étonnant qui le classe depuis des siècles parmi les plus beaux marbres du monde. Son exploitation, dans une carrière située en Couserans, près de Moulis, au lieu-dit Aubert, avait cessé en 1948. Elle a repris depuis quelques mois. Le Grand Antique est un marbre très dur, difficile à travailler, mais particulièrement robuste. On le trouve à Istanbul à Sainte Sophie, à Rome dans les Basiliques Saint-Pierre, Sainte-Marie Majeure, Sainte-Cécile, à Venise à Saint-Marc, à Paris dans l’Eglise Saint-Louis des Invalides (les deux colonnes de l’autel de la chapelle et le tombeau de Joseph Napoléon), à Londres à la base du monument Saint Peter de Westminster, à Versailles dans le Salon de Diane…

Le « Vert d’Estours »  (carrières de Seix, 530m) est aussi un des marbres ariégeois les plus réputés. Griotte à fond blanc ivoire, parsemé d’amandes blanches tirant parfois vers le jaune, veiné de fines lignes vertes parallèles et ondulantes. On en découvre la carrière en empruntant la route de Guzet, puis en prenant au hameau de Moulin Lauga la direction d’Estours. Cette marbrière a repris son activité il y a une dizaine d’années avec des conditions d’extraction par galeries respectueuses de l’écosystème. On retrouve ce marbre, renommé depuis l’époque romaine, dans de nombreux édifices dont la villa Chiragan (Martres-Tolosane), Saint Bertrand de Comminges, les Cloîtres de la Cathédrale Saint-Lizier et des Augustins à Toulouse.

Toujours sur la commune de Seix, au lieu-dit du Pont de la Taule, on extrait un Rouge Griotte. On trouve sur ce même territoire un  Bleu Turquin (gris bleu, strié de blanc et de noir), le Blanc de la vallée d’Esbintz, le Gris et le Cervelas violet blanc. Tous ces marbres, identifiés sous le nom d’origine générique « du Pont de Taule, d’Estours et de Couflens », ont connu une renommée et une diffusion bien plus importante que ce que l’on pensait sous l’Empire romain et dans les siècles qui ont suivi.

Sur la commune de Saint-Lary-En-Couserans (1070m) on exploite « Les Quatre Saisons », dont les couleurs rappellent celles printanières de la Fleur de Pêcher, mais évoquent aussi bien l’Automne ou l’Hiver (prendre le chemin forestier de Ruech jusqu’au lieu-dit Le Piche). À Montégut en Couserans (660m), au lieu-dit Sarrat de Barrousse, on extrayait le « Noir de noir », un Noir rare et profond. A Balacet-Uchentein (1200m) était produit  l’Escalette, beige Teinté de rosé, lié de vert ou de rouge. À Cazavet (455m), la carrière du bois d’Aliou fournissait un marbre fin, à dominante grise, taché de noir et de rouge. À Riverenert (600m) les marbrières du Touron, de Pujau, des Cravives, produisaient des Griottes verts, tachés de rouge. Plus à l’Est, à Esplas-de-Sérou et Castelnau Durban, on trouve les carrières de Tartein (760m), et celles d’Espiougue (610m), avec des Griottes à pâte rose et amandes blanches.

Pour la plupart, ces sites sont accessibles. Témoins des grandes heures de l’Ariège, ils deviennent prétextes à des promenades et découvertes dans un massif pyrénéen aujourd’hui beaucoup moins peuplé et beaucoup plus « naturel » qu’il ne l’était il y a deux siècles. Ce thème du marbre est en soi nouveau. Il permet de visiter des carrières, découvrir des sites superbes, mieux connaître les pierres, apprendre des techniques (voir, à la maison du Haut Salat à Seix, la marbrerie à énergie Hydraulique), et comprendre les modes de vie et échanges commerciaux depuis l’ère romaine. Il y a aussi une chose que tous ces marbres nous apprennent, c’est que ce sont les impuretés qui font la beauté. Sans elles, toutes les pierres seraient blanches. Le monde n’est intéressant que par ses mélanges et ses imperfections…

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